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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 16:50

GLICK-et-arabe.jpg

 

La tentative d’assassinat de Yéhouda Glick démontre, s’il en était besoin, que depuis la construction du mur de sécurité, le danger en Israël vient à présent des habitants arabes de Jérusalem et non des territoires.

Elle marque bien sûr les esprits car le but recherché par celui qui l’a perpétré, encouragé en sous-main par des chefs qui rêvent de mettre à feu et à sang la capitale, consiste à donner le signal d’une révolution armée.

Elle conduit au constat que la cohabitation avec les Arabes est sinon impossible, au moins conflictuelle.

Ce meurtre raté, réalisé avec facilité, peut galvaniser les terroristes et démontrer qu’ils peuvent toujours exploiter à leur profit le relâchement de la sécurité dans les villes israéliennes.

Les Israéliens ne peuvent pas organiser leur vie dans un bunker et animer leurs réunions politiques dans des sites tellement sécurisés qu’ils découragent les participants à y venir.


La peur change de camp



La peur change de camp et elle pourrait se propager auprès de toute la population  juive qui redoute les heures noires des attentats et des kamikazes.

L’assassin Mutaz Hijazi habite Jérusalem dans le quartier d'Abou Tor.

À moins de mettre un policier derrière chaque arabe de Jérusalem, il est très facile de se déplacer librement dans la ville et de s’en prendre à la vie d’une personnalité israélienne, en toute impunité, sauf à prendre le risque de se faire tuer par la police. 


Ce crime se distingue de l’assassinat des trois adolescents qui avait été réalisé dans une région habitée en majorité par des Arabes parce que celui-ci a été perpétré en plein centre de la capitale, dans un lieu public marqué du symbole de Menahem Begin.

Mais le comble c'est que la victime était un véritable ami des Arabes avec lesquels il priait souvent à proximité des portes de la vieille ville. 

Il est un fait que l’intégration des 250.000 arabes de Jérusalem, après l’annexion de la partie arabe, est marquée par le sceau de l’échec.

Ils continuent à prôner leur appartenance à la Jordanie et participent au combat des Palestiniens.

Pour marquer leur opposition à l'administration actuelle, ils maintiennent leur partie de ville à l'Est dans un état de saleté, à la limite de l’insalubrité.

Les égouts datent du mandat britannique et les travaux de voirie sont souvent laissés à l’abandon.

Ces espaces arabes sont volontairement boudés par les Juifs qui les considèrent comme une zone de non-droit où il n’y a aucun intérêt à s’y aventurer.

La séparation est une situation de fait entre les deux communautés dans une grande partie de Jérusalem-Est.


Si 40% de Jérusalem-Est sont peuplés aujourd’hui de Juifs, certains quartiers sont uniquement investis par les Arabes ce qui donne un aspect de no-man’s-land à une partie de la capitale annexée.

 

 

Conséquence sécuritaires


Les tenants d’un État unique binational devraient réfléchir à deux fois aux conséquences sécuritaires qu’il implique.

La cohabitation avec les Arabes ne sera pas de tout repos sauf à instituer un régime policier pour contrecarrer les projets destructifs des terroristes ou à faire régner la terreur parmi la population arabe et à la parquer dans des zones fermées.

Ceux qui persistent à refuser un État palestinien sont d’ailleurs peu explicites sur leur stratégie future.

Ils n’expliquent pas le statut qu’ils comptent appliquer aux populations arabes de Cisjordanie en cas d’annexion totale prônée par les nationalistes.

Le flou général règne car, en fait, aucune solution raisonnable et légitime peut être appliquée, raisonnable dans le sens de la sécurité et légitime dans le sens du partage.

L’exemple donné par l’incident grave contre Yéhouda Glick prouve qu’une Jérusalem unie n’est pas dans les faits mais seulement dans l’esprit des Israéliens.

Cela bien sûr ne concerne pas les Lieux Saints car pour la majorité des Israéliens il est inconcevable de les internationaliser dès lors qu’ils symbolisent, depuis des millénaires, le sentiment juif de la rédemption et que leur réintégration à Israël en 1967 est considérée comme une œuvre divine.
   Mais une réalité doit être soulevée.

Les Palestiniens n’accepteront aucun compromis sur leur troisième lieu, parmi les plus sacrés de l’islam, la mosquée Al-Aqsa.

Les musulmans du monde entier sont en effet convaincus que Mahomet a effectué le trajet de La Mecque à Al-Aqsa avant de monter au paradis.

Jérusalem unie, épicentre même du conflit, aura ainsi beaucoup de mal à être partagée et elle ne pourra jamais symboliser la coexistence israélo-arabe.


Unicité théorique


Il est vrai que l’administration développe la ville en mettant l’accent sur l’unicité de la ville en ce qui concerne les routes, les autobus, le tramway, les réseaux de gaz et d’électricité pour rendre impossible toute division.

Mais c'est justement contre le tramway que s'en prennent les Arabes car il représente une réalisation juive et le symbole de l'unification.

Si certains dirigeants nationalistes envisagent en catimini l’abandon de certaines implantations de Cisjordanie, ils combattront avec violence s’il le faut, tout gouvernement qui envisagerait une rétrocession d’une partie de Jérusalem.

Cette position va à l’encontre de tout règlement avec les Palestiniens qui posent comme condition préalable à tout règlement d’installer la capitale de leur nouveau État dans la ville de Jérusalem.

Il est par ailleurs difficile d’envisager une séparation physique de deux entités antagonistes.  

 Il s’avère que les Lieux Saints constituent une question très facile à résoudre puisqu’ils peuvent être administrés par des représentants des différentes religions.

Le principe est pratiquement acquis.

Mais un point restera intangible pour les dirigeants israéliens qui accepteraient des concessions : la circulation des biens et des personnes devra rester libre tandis que toute frontière entre les deux capitales sera uniquement une frontière politique.

Mais dans ce cas le problème sécuritaire restera entier et les terroristes auront les mains libres pour perpétrer leurs crimes.

La mixité aggravera les antagonismes et laissera libre cours au déferlement de haine qu’un État palestinien, seul, pourra éviter.

Chacun chez soi et les vaches seront mieux gardées.





Jacques-Benillouche.jpgJacques Benillouche,

 

 

 

 

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