C’est le débat dont tout le monde parle.
Premier gros clash de cette nouvelle saison d’On n’est pas couchés, l’émission de samedi soir a opposé Bernard-Henri Lévy à Aymeric Caron et sa nouvelle acolyte, Léa Salamé.
Très remontée, cette dernière cherche à imposer un ton jolie-trentenaire-libanaise-peut-être-mais-on-me-l’a-fait-pas.
Caron, lui, gauche bobo et mèche au vent, n’en est pas à son coup d’essai anti-israélien.
Face à eux, donc, BHL, venu présenter sa dernière pièce Hôtel Europe, jouée à Paris.
Mais l’échange que la Toile va retenir porte -surprise! surprise !- sur Israël et la guerre de Gaza.
Face au mitraillage, BHL sauve la face. Mais il aurait pu faire plus. Il aurait pu traquer un à un les mensonges, contre-vérités et imprécisions que les deux compères ont balancé en toute impunité, sous les applaudissements du public.
On les a listés :
Non, l’opération n’a pas fait 2 000 morts « dont 3/4 de civils palestiniens ».
BHL ne relève pas le chiffre lancé par Caron.
Et pourtant, il a été contesté par plusieurs grands médias internationaux. Le taux serait plus proche des 50 %, comme l’a affirmé Israël, données à l’appui, à plusieurs reprises.
On sait que les combattants du Hamas ne portent pas d’uniforme afin de ne pas se faire repérer et se cacher au milieu des civils, ce qui permet de ne pas les identifier comme tels à leur arrivée à l’hôpital ou à la morgue.
On sait que les médias et agences internationales reprennent les chiffres fournis par les organisations humanitaires palestiniennes qui, elles, publient les données officielles du gouvernement islamiste, généralement sans les vérifier.
On sait aussi que le mouvement terroriste a l’habitude de faire passer tous ses morts pour des civils, et que la même bataille des chiffres avait eu lieu lors de l’opération Plomb durci, en 2008-2009.
Le Hamas avait d’abord nié qu’il se trouvait plus de 700 combattants armés sur les 1400 tués palestiniens, avant de se rétracter en catimini, quelques mois plus tard, face à la colère de sa population qui l’accusait de ne pas avoir su protéger les civils pendant le conflit.
On sait enfin qu’environ 10% des roquettes tirées vers Israël pendant l’opération de cet été sont retombées sur la bande de Gaza, faisant probablement plusieurs dizaines de morts.
Des membres du Hamas ont été vus en train d’essayer de camoufler les ratées.
Non, on ne peut pas opposer » 2000 morts palestiniens d’un côté, 3 morts israéliens de l’autre » et parler d’une « réaction disproportionnée ».
D’abord, à ce jeu-là, puisque Caron ne distingue pas entre combattants et civils à Gaza, il faut ajouter aux 3 civils israéliens les 67 soldats de Tsahal morts au combat.
Ensuite, rappeler encore et encore que les 4 000 roquettes tirées par le Hamas depuis le début de l’année, 3 000 durant le conflit, ne sont pas les innocents projectiles qu’on essaye de nous présenter.
Ce sont des armes mortelles qui ont tuées 28 Israéliens et blessées 1900 autres, en 14 ans de tirs incessants et plus de 18 000 attaques au total.
Attaques qui exposent quotidiennement 3 millions habitants du sud d’Israël, semant la panique, les effets post-traumatiques et la désolation économique.
Rien que cet été, une roquette près de l’aéroport Ben-Gourion a cloué au sol les avions sortants et entrants, coupant Israël du monde entier pendant près de 4 jours.
Les pertes économiques durant l’opération s’élèvent à des centaines de millions de shekels, touchant particulièrement l’industrie et le tourisme.
Tout cela sans parler du coût d’Iron Dôme – des dizaines de milliers de dollars pour chaque interception - et des pertes faramineuses subies par les familles qui ont dû cesser de travailler sous la pluie des missiles, des milliers de soldats et réservistes mobilisés au front, des coupes sèches dans les budgets publics pour financer un effort de guerre dont tout le monde se serait bien passé…
Oui, Israël a le droit de cibler des arsenaux de l’Onu, pardon des écoles.
Oui, retrouver « par hasard » des roquettes dans 3 écoles différentes, ça fait beaucoup. Idem pour un hôpital qui sert de quartier général et des ambulances avec des terroristes qui tirent aux fenêtres.
Non, Israël ne cible pas les convois humanitaires à Gaza.
En revanche, les Israéliens ont continué à fournir l’eau, l’électricité, le ciment et les matières de première nécessité aux Gazaouis pendant toute la durée du conflit.
Oui, c’est une stratégie du Hamas de faire tuer ses civils, pendant que ses dirigeants se planquent en sous-sol, pour obtenir l’indignation des Caron de ce monde.
C’est une journaliste libanaise qui le dit. C’est un correspondant de France 24 qui le montre. Mais c’est aussi les Palestiniens qui l’admettent eux-mêmes.
Et le Hamas qui s’en vante.
Oui, c’est une stratégie islamiste.
Et oui, c’est un des trucs les plus dégueulasses qui existent.
Non, ce n’est certainement pas le Hamas qui a gagné la guerre…
…comme l’a asséné Léa Salamé avec l’air d’une proviseure en train d’engueuler ses 6ièmes.
On résume : 31 tunnels, au coût d’un milliard de dollars chacun, détruits; avec ces tunnels, la perspective d’un gigantesque attentat contre des civils israéliens au moment du Nouvel an juif, évaporée ; les attaques de commando, par la mer comme par la terre, systématiquement avortées; la tentative de prendre le pouvoir en Cisjordanie, déjouée ; le chef de l’aile militaire mort ou gravement blessé; les salaires des 40 000 fonctionnaires réclamés comme condition de cessez-le-feu pas obtenus, l’allègement des embargos israéliens et égyptiens, non plus…
Du coup, on se permettra de ne pas être d’accord avec BHL.
Ce n’est pas parce que le Hamas est toujours au pouvoir que cela aura été une « guerre pour rien ».
Parce que le Hamas en est ressorti éreinté et que c’est toujours bon à prendre. Mais surtout parce que, en 64 ans d’existence, Israël a réussi à mettre un terme aux attaques de ses voisins arabes (l’Égypte, pire ennemie d’hier, était la plus proche alliée de Jérusalem cette fois-ici), puis aux attentats-kamikazes, et qu’il finira bien par stopper définitivement les roquettes, les tunnels… et tout ce que que les génies du Hamas inventeront.
On en est certains, tout comme on est sûrs qu’il se trouvera toujours d’autres génies comme Caron pour s’en plaindre.
Myriam Shermer,
Vidéo de l'émission en cliquant ci dessous :