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14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 21:41

relation-israel-japon

 

TOKYO (JTA) – En lisant son journal en japonais au petit déjeuner, Rabbi Mendy Sudakevich repère une publicité pour un DVD intitulé « Devenez riches comme les Juifs ».

 

« Presque partout ailleurs dans le monde, une telle publicité » – publiée dans plusieurs quotidiens japonais de renom – « aurait été interprétée comme une incitation à l’antisémitisme », fait remarquer Sudakevich, émissaire loubavitch, né en Israël et installé à Tokyo depuis 2000.

 

Mais au Japon, c’est plutôt un compliment.

 

« Le message est qu’il faut imiter et féliciter les Juifs, et par extension Israël », déclare Ben-Ami Shillony, historien et conférencier sur l’Extrême-Orient à l’Université hébraïque de Jérusalem.

 

En effet, le gouvernement japonais – soutenu par une population généralement favorable aux Juifs – souhaite établir des liens économiques plus étroits avec Israël.

 

C’est particulièrement vrai, à présent que la vieille dépendance japonaise vis-à-vis du pétrole arabe est en déclin.

 

En 2014, le commerce entre Israël et le Japon a augmenté de 9,3 %, et se chiffre à 1,75 milliard de dollars, selon le ministère de l’Economie israélien.

 

Le réchauffement des relations est entre autres le résultat de plusieurs mémorandums conjoints récents sur le renforcement de la coopération sur la recherche, le commerce, le tourisme et même la sécurité – un domaine que les administrations japonaises successives considéraient comme tabou, de crainte de soulever la colère des nations arabes riches en pétrole.

 

Et au Japon, la politique gouvernementale a un impact beaucoup plus important sur les entreprises privées qu’en Occident, dit Shillony.

 

Fait perceptible dans les décisions de presque tous les grands constructeurs automobiles japonais de ne pas pénétrer sur le marché israélien jusqu’aux années 1990, lorsque le boycott pétrolier arabe – un ensemble de sanctions appliquées contre les pays commerçant avec Israël – a commencé à se desserrer, ajoute-t-il.

 

Autre preuve des liens plus étroits entre Israël et le Japon : la visite officielle du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Tokyo en mai 2014, au cours de laquelle lui et sa femme, Sara, ont dîné avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe et son épouse, Akie, à la résidence de M. Abe.

 

Leur rencontre a duré plus longtemps que prévu – événement inhabituel pour une visite d’Etat au Japon.

 

Abe, un homme politique de centre-droit dont la carrière et les opinions ressemblent à bien des égards à celles de Netanyahu, doit se rendre en Israël plus tard ce mois-ci, pour la première visite d’Etat de ce type, depuis neuf ans, d’un leader japonais. Le prédécesseur de Netanyahu, Ehud Olmert, a visité le Japon en 2008.

 

« Je suis déterminé, avec le Premier ministre Netanyahu, à redoubler d’efforts pour renforcer les relations entre le Japon et Israël, afin que les potentiels soient entièrement exploités », a déclaré Abe aux médias à Tokyo lors de sa rencontre avec Netanyahu.

 

Ces sentiments semblent être partagés.

 

Dimanche, le cabinet de Netanyahou a approuvé une série de mesures visant à stimuler le commerce à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars.

 

Israël doit ouvrir un bureau au ministère de l’Economie à Osaka, et augmenter de 50 % les subventions gouvernementales à des projets de recherche communs israélo-japonais.

 

Pour Abe, le renforcement des liens avec Israël fait partie d’une vision plus large dont l’objectif est de promouvoir l’innovation et la diversification des industries et des marchés fortement centralisés par le Japon, afin de freiner son déclin économique et son inflation rampante, selon Shillony.

 

Dans le Japon d’Abe, ajoute l’historien, Israël est un partenaire particulièrement précieux, car son expertise unique en matière de défense et de technologies militaires convient parfaitement à son plan de développement des capacités militaires japonaises face à une Corée du Nord de plus en plus rebelle.

 

Le printemps arabe de 2011 a également modifié la vision japonaise de la région en faveur d’Israël, selon Naoki Maruyama, professeur d’histoire à l’Université Meiji Gakuin au Japon.

 

« Dans une région sombrant dans le chaos et les troubles internes, Israël se distingue comme l’exception – et l’endroit où investir », confie-t-il au JTA.

 

La doctrine économique d’ouverture d’Abe, que les analystes appellent souvent « Abenomics », modifie déjà la réalité d’un étranger commerçant avec le Japon, selon Yoav Keidar, homme d’affaires israélien qui travaille au Japon depuis 25 dernières ans.

 

« Autrefois principal goulot d’étranglement pour les entreprises étrangères, le gouvernement aide désormais activement les entreprises à surmonter d’autres obstacles, dit-il. En termes japonais, ce n’est rien de moins qu’une révolution. »

 

Malgré l’augmentation spectaculaire des échanges entre les deux pays, ils restent quelque 30 % inférieurs au commerce d’Israël avec la Corée du Sud, l’un des principaux concurrents du Japon.

 

Cette concurrence est un autre facteur favorisant l’attrait que représente Israël pour le Japon, selon Peleg Lewi, chef de mission de l’ambassade d’Israël à Tokyo.

 

« Il n’a pas échappé aux industriels et responsables japonais qu’Israël entretient toujours des liens commerciaux beaucoup plus forts avec certains des principaux concurrents du Japon », pointe Lewi.

 

« A l’heure où des géants comme Samsung, Intel et Google implantent des centres de recherche en Israël, le Japon commence à se sentir isolé. »

 

 

 

Cnaan Liphshiz,

 

pour

 

thetimesofisrael-fr

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